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See you in Tibet
1 mai 2010

Chansons des Six Hautes Vallées


TEXTE SOURCE: altamira

Froid et ensoleillé : tel était apparemment le temps qu’il faisait au Ladakh au moment où Boris LELONG, fondateur de l’association Altamira (vouée à
la mise en valeur des
ressources artistiques en milieu rural), est allé une nouvelle fois au
Ladakh
enregistrer le joueur de luth tibétain exilé Sherap DORJEE. Celui-ci,
qui nous
avait déjà gratifié d’un album entièrement dévoué aux différents styles
de luth
dans tout le Tibet (L’Art du luth tibétain, chez Arion. v. ETHNOTEMPOS
n°11),
recentre sur ce nouveau CD son propos sur les mélodies de
l’Extrême-Ouest
tibétain, plus précisément des vallées de Thot Tso Yul Duk (les «Six
Hautes
Vallées»), connues pour être les plus élevées du Tibet et riches d’une
culture
méconnue provenant de l'ancienne civilisation de Shang Shung mais hélas
menacée
d’extinction en raison de la situation politique qu’endure le Tibet
depuis plus
d’un demi-siècle.

En tant que natif de l’une de ces «six hautes vallées»
et pour pratiquer avec une rare maîtrise le luth «kovo», véritable
emblème de
cette région, Sherap DORJEE avait toutes les qualités requises pour
oeuvrer à la
sauvegarde de cet héritage culturel. Afin de démarquer cet album du
précédent,
qui était entièrement soliste, il a tenu cette fois à être accompagné
par une
chorale constituée de trois chanteuses de Thot Tso Yul Duk (Norbu DOLMA,
Pema
YANGZIN et Sonam ZANGMO). Ainsi, tout en continuant à faire valoir sur
quelques
pièces solistes la rusticité complexe du jeu de Sherap DORJEE sur ce
luth à
trois doubles-cordes qu’est le kovo, ce CD met en évidence la richesse
lyrique
de ces chansons montagnardes imprégnées d'une spiritualité vécue au
quotidien,
qu’elles évoquent la fierté de l’apprentissage de l’alphabet, le faste
des
cérémonies du Nouvel An ou les romances impossibles aussi éternelles que
les
neiges environnantes.

Certains chants sont des hommages plus directs à
la culture tibétaine bouddhiste, tandis que d’autres, de caractère plus
contemplatifs puisque célébrant le paysage environnant, des altitudes
neigeuses
aux lacs lumineux, renferment une profonde symbolique cosmogonique. On
remarquera également un singulier chant-dialogue très ludique qui oblige
le
joueur de kovo à jouer avec son instrument dans le dos !

Sur certains
morceaux intervient Pema THINLEY, un vieil ami d’enfance de Sherap
DORJEE qui
joue de la flûte lingbu, ou encore Tsesum DOLME, joueuse de cithare
gyumang.
Autant dire que c’est la quasi-intégralité de l’instrumentation
traditionnelle
de la région qui est représentée. La seule concession à une modernité
bien
relative et de bon aloi réside dans l’utilisation pour une danse d’un
jerrycan
en lieu et place des tambours daf et dhol !

Profane et sacré s’imbriquent harmonieusement dans ces chansons que le groupe de Sherap
DORJEE
nous livre comme à titre d’offrande, pour rappeler ou faire découvrir, à
ses
compatriotes comme à tout étranger mélomane, un patrimoine aux vertus
inusables.

Le temps était froid et ensoleillé ; mais, loin d’être froides, ces
chansons réchauffent l’âme et sont, de toute façon, baignées de sagesse
radieuse.

La production, assurée par l’association Altamira, est impeccable de bout en bout, jusqu’au livret, qui livre de précieuses
informations sur la culture de l’Ouest tibétain et sur chaque plage
musicale.
Laissez-vous tenter par le précieux...

Stéphane Fougère

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